Au lendemain du carnage du Bataclan, le grand naïf que je suis se pose des questions. Comme beaucoup de monde, je pense. Or, il me semble inconcevable que des personnes plus intelligentes que moi (et il doit y en avoir pas mal) ne soient à même d'y répondre. Je fais donc appel à la sapience d'autrui pour éclairer ma pauvre lanterne.

Première question : on sait qu'en Belgique, il y a aujourd'hui environ 3.000 musulmans radicalisés et qui évoluent dans et autour de la mouvance terroriste. On sait qui ils sont et ce qu'ils font, puisque les autorités nous répètent à l'envi qu'ils sont "étroitement surveillés". On sait aussi que notre pays sert de base arrière et de plaque tournante à toute une série d'activités liées (directement ou indirectement) au terrorisme islamique. Dès lors, pourquoi autorise-t-on ces personnes à rester sur le territoire belge ? Pourquoi ne pas les expulser ? Certains sont peut-être belges d'origine, de par leur naissance, mais il doit bien exister un moyen de se débarrasser de ces individus. En vertu de quel principe, de quelle loi, tolère-t-on la présence de ces éléments "dangereux" (dixit les autorités) sur le territoire national ?

Seconde question : ensuite, on sait pertinemment bien que le terreau qui favorise l'endoctrinement et la radicalisation, c'est l'ignorance et le manque d'éducation. Les chiffres et les faits nous le prouvent tous les jours. Mais que fait-on pour contrer ce phénomène ? On nous assomme de décrets stupides, ineptes, censés favoriser la multiculturalité et le "vivre-ensemble" mais qui, in fine, ne débouchent que sur une ghettoïsation accrue, une discrimination exacerbée (le fameux : "mais tu ne veux quand même pas que je mette mon gosse dans cette école de moutoufs !") et un résultat au strict opposé du but supposément recherché (je dis : supposément). Pourquoi ne prend-t'on pas le problème à bras-le-corps ? Pourquoi ne réforme-t'on pas l'enseignement pour que chacun ait la possibilité d'accéder à l'éducation ? Pourquoi ne contrôle-t'on pas plus strictement les écoles religieuses ? Pourquoi ne fait-on pas en sorte qu'il y ait une réelle mixité, tant de genre que d'idée, dans tous les niveaux de l'enseignement dans notre pays ?

Troisième question : on sait également de source sûre (les rapports qui établissent ces faits ne manquent pas, et se retrouvent même très facilement dès lors qu'on se donne la peine de chercher un minimum) que certains pays soutiennent ouvertement le terrorisme. Soit idéologiquement, soit financièrement. Au rang de ceux-ci : l'Arabie Saoudite et le Qatar. La majorité des pays occidentaux y ont des intérêts économiques. En outre, les grandes puissances occidentales, Etats-Unis en tête, fournissent support, logistique et équipement à des groupes armés d'obédiences diverses et d'idéologies des plus douteuses au seul chef qu'ils sont "moins pire que ceux que nous combattons". Pourquoi ? Pour protéger les intérêts économiques ? Certainement pas pour des raisons humanitaires. Pour deux cent personnes qui sont mortes ou grièvement blessées hier, combien l'ont également été en Syrie, en Irak ou au Liban sans que cela n'émeuve personne ? Qu'est-ce que ces états peuvent fournir comme justification morale à leurs actions ? Croient-ils vraiment qu'armer des barbares contre d'autres barbares leur permettra de s'en tirer les mains propres ? Pourquoi les états impliqués refusent-t'ils de couper les ponts, diplomatiquement et économiquement, avec ceux qui soutiennent et financent le terrorisme ? Pour combien de temps, encore, placera-t'on les intérêts économiques plus haut que les intérêts de l'humanité ?

Quatrième question : enfin, on a entendu depuis hier nombre d'horreurs concernant les migrants. Du plus innocent (et parfois drôle) au plus abject. Rappelons que la majorité des immigrés de guerre qui sont aujourd'hui en Europe fuient exactement ce qui est arrivé hier. Cette horreur qui nous révolte, c'était leur quotidien. Mais n'oublions pas non plus que cet exode massif ne concerne pas que des immigrés de guerre. Parmi les arrivants se trouvent également nombre d'hommes et de femmes qui cherchent simplement un avenir meilleur parce que toute perspective d'évolution économique est morte là d'où ils viennent. Même s'ils ne sont pas en danger de mort en raison d'attentats ou de conflits armés, leurs vies n'en sont pas moins précaires. Enfin, gardons en mémoire que tous ces migrants ne représentent, au mieux, qu'une infime proportion de la population actuelle d'Europe. Moins d'un dixième de pourcent, si l'on veut être précis (un peu plus d'un million sur plus de 700 millions, si l'on veut être très précis). Alors, sans verser dans le pathos ou le drame, pourquoi l'Europe ne prend-t-elle pas ses responsabilités en tant que puissance unificatrice, afin d'améliorer les conditions économiques dans tous les pays qui la constituent et de permettre aux migrants économiques de rentrer chez eux, de prospérer et de se développer, plutôt que d'être obligés de se jeter sur les routes pour tenter de gagner de quoi survivre ? Ou est-ce que l'Europe affiche enfin ses limites et l'incohérence de sa construction toute brinquebalante ?

Beaucoup de questions. Aucune réponse. Trop d'incertitudes. Et toujours ce putain de besoin de comprendre : pourquoi ?