Faisons le point deux secondes sur le scandale ‪#‎LuxLeaks‬... Nous avons donc un pays à la pointe de l’ingénierie fiscale, qui a mis en place des montages qui, bien que légaux, n'en sont pas moins hautement questionnables éthiquement. Ces montages permettent à des entreprises multinationales d'éluder l'impôt, ou du moins d'en éviter une bonne partie.

Aujourd'hui, l'ex-premier ministre (et ministre des finances) de ce pays se retrouve à la tête de l'Europe. Europe qui, inutile de le rappeler, impose à ses états membres des mesures d'austérité sans précédent, dont la charge est censée reposer sur les citoyens de ces états, supposés se serrer la ceinture et faire preuve d'humilité économique en ces temps de crise. Et ledit individu de se dédouaner d'emblée de toute responsabilité, de refuser tout compromis, revendiquant les talents de son pays comme une gloire personnelle, et confirmant son intention de pressurer encore plus les finances nationales pour se conformer aux règles de la grande Europe. Ce n'est même plus l'église qui se fout de la charité, c'est carrément le père Noel qui se sert dans la caisse à jouets des enfants parce qu'il a oublié de prendre son sac de cadeaux...

A côté de cela, tous les élus de cette grande foire aux monstres qu'est l'Europe ont à maintes reprises, la main sur le cœur, juré qu'ils allaient tout faire et tout mettre en oeuvre pour lutter contre la fraude fiscale et l'évasion de capitaux. Simultanément, ils ont mis en place toute une série de mesures qui protègent les métiers financiers à risques, comme les banques d'investissement, tout en institutionnalisant au niveau général les principes du bail-in et de la responsabilité partagée. Dans le genre "ma main droite n'a aucune idée de ce que fait ma main gauche", on n'aurait pas pu trouver mieux. Oh, le beau cas de schizophrénie...

Jamais l'Europe des élites n'aura été plus déconnectée de la réalité. Jamais les élus de ses états n'auront été si peu en phase avec les faits. Tout cela me rappelle furieusement cette princesse déclarant, lorsqu'on l'informa que le peuple n'avait même plus de pain : "eh bien, qu'ils mangent de la brioche". On sait comment cela a terminé...