Nouvelle du jour : les magasins Marks & Spencers, enseigne fameuse et réputée chez nos voisins britanniques, vient d'amender son règlement interne en autorisant ses caissiers musulmans à refuser d'encaisser le paiement des clients ayant acheté de l'alcool ou du porc.

En pratique, ces clients se voient tout simplement refuser le droit de payer leurs achats si les convictions religieuses du caissier (ou de la caissière, ne soyons pas sexistes) lui font désapprouver la consommation d'alcool ou de porc. Ces clients sont alors invités à se présenter à une autre caisse (et à refaire la file, bien entendu) où l'employé se montrera plus impartial.

Cette décision n'a l'air de rien, mais elle pose cependant une question capitale : celle de la neutralité des services. Fondamentalement, tout prestataire est tenu de vous fournir le service pour lequel vous avez payé, quelles que soit votre idéologie, vos opinions politiques ou vos convictions religieuses. C'est une des bases intrinsèques qui régissent le commerce.

Indépendamment du nombre d'employés concernés par cette modification dans le règlement de la chaîne, se pose également la question de la gradation ; il est plus que probable que cet aménagement du règlement a eu lieu suite à la demande d'employés ou d'organisation militant pour le respect des pratiques culturelles et/ou religieuses islamiques. Rien que de très normal, dans la mesure où les diverses concessions faites à cette communauté l'ont également été aux autres (nourriture sacrificielle, liberté de culte, etc.)

On peut dès lors légitimement s'interroger sur la nature des demandes et revendications à venir. On a déjà vu des cas isolés d'employés musulmans refusant de servir des clientes au prétexte qu'elles sont des femmes. Ou qu'elles ne portent pas le voile. On a encore en mémoire le cas de cet employé communal qui refusait de saluer sa supérieure pour le même prétexte, ou celui des employés de taxis londoniens qui refusaient de charger un client ayant acheté en duty-free des bouteilles d'alcool ou des revues pornographiques.

Or, sans forcément extrapoler que les prochaines étapes s'orienteront dans une direction similaire, force est de constater, sans ambigüité aucune, que ce premier pas constitue déjà l'acceptation tacite d'une discrimination : en tant que client, je suis traité de manière moins avantageuse en raison de mes convictions, qui me permettent sans le moindre état d'âme de me pochtronner au J&B en mangeant des travers de porc.

A ce titre, chez nous, il serait intéressant d'entendre l'opinion d'un membre du MRAX ou du Centre pour l'Egalité des Chances...