“Dépression (nom féminin) : État mental caractérisé par de la lassitude, du découragement, de la faiblesse, de l'anxiété. Trouble mental caractérisé par un état dépressif persistant ou une perte d'intérêt pour tout type d'activité, ce qui produit des effets très néfastes dans la vie quotidienne.”
Trois semaines, déjà, que le diagnostic a été posé par mon médecin traitant. Depuis, deux autres praticiens l'ont confirmé, tout comme la psychologue-systémicienne qui me suit depuis quinze jours (celle-ci a par ailleurs posé un second diagnostic de burn-out à l'issue de notre première session). Et ces trois semaines me paraissent profondément abstraites tant j'ai l'impression de les avoir traversées (tout comme les mois - voire les années - qui les ont précédées) avec le cerveau douillettement enrobé d'une épaisse couche d'ouate. Si je fais l'effort de me souvenir des événements survenus durant cette période, je fais le plus souvent face à une sorte de brouillard grisâtre qui masque et estompe les contours d'une réalité déjà passablement floue.
L'écriture a toujours été une thérapie pour moi. Les innombrables textes, romans, nouvelles, journaux, qu'ils soient manuscrits dans un carnet acheté spécialement pour l'occasion, griffonnés sur des feuilles volantes ou sur l'écran de mon iPad, ou enfouis au fond d'un dédale d'arborescences sur un disque dur, peuvent témoigner de ce besoin compulsif qui m'a toujours pris de noter tout et n'importe quoi pour tenter de donner un sens aux choses et aux gens qui passent dans ma vie. Cet épisode-ci ne fait pas exception à la règle ; c'est pour cela que j'ai pris la résolution de ré-ouvrir mon vieux blog et d'y consigner les pensées qui accompagneront le chemin à parcourir vers la guérison.
“Guérison”. Encore un mot un qui fait peur, parce qu'il implique que vous êtes malade. Or une maladie, dans l'immense majorité de cas, cela se soigne très bien : une visite chez le médecin, une prescription de médicaments, peut-être un traitement plus spécifique, ou une opération chirurgicale, et vous êtes à nouveau bon pour le service. L'esprit, lui, ne se soigne pas de la même manière. Les produits qu'on vous recommande de prendre vont vous anesthésier, vous éteindre et vous endormir. Anti-dépresseurs, anti-psychotiques, anxiolytiques, benzodiazépines, autant de béquilles chimiques pour un mental qu'on décrète malade de vivre et de ressentir trop bien toute la tristesse et la douleur du monde alentour.
Mais soit, s'il faut guérir, je guérirai. Mais sans ces expédients. Je veux croire que mon mental est encore assez maître de lui-même, ma volonté assez intacte que pour y arriver par moi-même. Je veux croire aussi aussi que je vaux mieux que quelques plaquettes de petites pilules colorées. Nous verrons si ce blog en sera le témoin (et vous également, lecteur, par son truchement), ou s'il rejoindra bientôt la cohorte des tentatives vaines et trop tôt avortées dans le grand cimetière de mes illusions mortes.