Paris, trois jours après
Après chaque drame, comme celui de Paris, la question principale qui revient dans tous les débats est : "l'islam est-il compatible avec la démocratie ?".
A qui appartient-il de répondre à cette question ? Si l'on en croit les uns, favorables à la mixité, au multiculturalisme, au "vivre-ensemble" et à l'idéalisme, ce n'est pas aux musulmans de se prononcer car ils n'ont pas à se justifier de quoi que ce soit face aux agissements monstrueux de quelques malades mentaux. Et si l'on en croit les autres, défenseurs de l'unité nationale, des valeurs qui ont fait l'occident, de la liberté et détracteurs d'une l'immigration qu'ils dénoncent comme débridée, ce n'est pas non plus aux musulmans à se justifier, car leur justification ne pourrait être que biaisée et non sincère en vertu du principe de la taqqiya (qui autorise le fidèle, menacé dans sa foi, à mentir pour se protéger et protéger celle-ci).
Qui, alors, devrait répondre à cette question essentielle, qui se doit à un moment donné d'être posée ? Si l'on cherche l'objectivité la plus neutre, force est de constater qu'aujourd'hui, nonante-neuf attentats sur cent sont commis au nom de l'islam. Pas en celui du catholicisme, du protestantisme, du bouddhisme ou de l'athéisme. De l'islam. Cette religion semble donc, en toute logique, contenir le germe d'une violence aveugle, absolue. Mais cette vision est-elle celle de chaque être humain se réclamant d'héritage musulman ?
Il semble évident que vouloir considérer chaque musulman comme un terroriste en puissance, prêt à vous égorger ou à se faire exploser à votre proximité, est tout aussi excessif que la démarche qui consiste à fermer les yeux en répétant "l'islam est une religion de paix, d'amour et de fraternité" et à ignorer délibérément un problème qui existe bel et bien.
Comme toute les religions monothéistes, l'islam a été forgé dans le sang, et c'est dans le sang qu'il a baigné ses racines pour survivre à travers les siècles. Tout comme la chrétienté, qui a eu son lot de barbaries, d'exactions et de fous furieux prêts à soutenir les actes les plus abominables et les plus lâches au nom de la bible. Tout comme aujourd'hui, d'autres fous furieux soutiennent les actes les plus abominables et les plus lâches au nom du coran.
Mais comme la chrétienté a su néanmoins évoluer et se remettre en question, parce que des esprits supérieurs et raisonnables ont su la pousser à la faire à force de conciles, d'introspection, de critique et de réalisation, peut-être le temps est-il venu d'asseoir autour d'une table les plus grands esprits du moment (théologiens, philosophes, penseurs) et de les amener à se pencher sérieusement sur la question.
Il est de la responsabilité des états d’organiser le premier de ces "conciles" du 21e siècle, comme le monde chrétien en a connu tant. Comme le suggère par exemple Charles Gave (de l'Institut des Libertés), on ferait venir à ce concile les plus grands théologiens du monde arabo-musulman, représentatifs des différents courants du dogme et des croyances. Avec eux, un corps international de juristes, de théologiens, de sociologues, de penseurs, de philosophes et de chercheurs recueillerait, analyserait et compilerait leurs positions et leurs avis sur des sujets aussi divers et variés que l’égalité homme/femme, la position de la foi face au progrès scientifique, la valeur de la vie humaine, la polygamie, l'immuabilité dogmatique, l’esclavage, l’égalité de chaque citoyen devant la loi, le respect de la laïcité, la liberté de culte, d'opinion et de pensée, la séparation de l'église et de l'état.
Au terme de ce concile, les différents courants de l'islam s'afficheront comme compatibles ou non avec la démocratie dans ce qu'elle a de plus fondamentale. Et pour les schismes, sectes, groupes et idéologies qui ne le seraient pas (on pense au wahhabisme, bien entendu, mais pas uniquement), il faudrait interdire ces sectes de tout prosélytisme, neutraliser l'action des organisations dirigeantes, et rompre les relations économiques, politiques et diplomatiques avec tout état qui les soutiendraient.
Est-ce la solution idéale ? Je n'en sais strictement rien. Je ne suis qu'un petit homme, plein de faiblesses, mais qui espère pouvoir un jour laisser à son fils un monde en paix - tant que faire se peut. Je m'attend bien à ce que cette proposition soit rejetée en masse, pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut. Mais avons-nous encore le luxe de ne rien faire, de rester les bras croisés, et d'attendre apathiquement que se déchaîne la prochaine salve de violence ? Tout en rappelant à ceux dont ce serait le vœu : la violence, même contre la violence, n'a jamais rien résolu sur le long terme.