Dune (Frank Herbert)

Le confinement forçé que nous connaissons actuellement a ceci de positif qu'il nous impose de trouver des sources de distractions intelligentes pour ne pas sombrer dans la déprime. Quoi de plus tentant, dès lors, de revisiter les livres et les albums que nous avons dévorés plus jeunes, qui ont forgé nos goûts littéraires et musicaux, et pourquoi pas de tenter d'associer les deux en diptyques ou triptyques harmonieux. Commençons, si vous le voulez bien, par un classique absolu.

Le bouquin du jour (ou plutôt la saga du jour) : "Dune", de Frank Herbert. Derrière le film de Dino de Laurentiis (cultissime mais incompris) et la mini-série de 2000 (nettement plus dispensable bien que plus fidèle à l'esprit de l'auteur), il y a une oeuvre tentaculaire, inclassable, qui échappe à toute tentative de qualification tant elle touche à tous les domaines : sociologie, économie, mythologie, étude des religions, écologie, cosmogonie, les sujets abordés étant aussi nombreux que divers et variés. S'embarquer dans Dune, c'est s'aventurer dans un univers incomparable qui s'étale sur des millénaires et dont on sent d'emblée qu'on n'en ressortira probablement pas intact. Au fil des livres de la saga, qu'ils soient de l'auteur original (Frank Herbert), de son fils (Brian Herbert, qui a repris le flambeau) ou d'autres auteurs inspirés, ce sont des dizaines de milliers de pages qui vous attendent pour visiter un univers à la fois radicalement étranger et en même temps étonnamment en écho avec notre propre monde. C'est une oeuvre parfois ardue à aborder, dont le côté "science-fiction" peut rebuter les plus réfractaires au genre, mais qui se doit néanmoins d'être touchée du doigt au moins une fois pour ne pas passer à côté d'un monument majeur de la littérature contemporaine.

Quand à la bande-son que je vous recommande pour accompagner cette plongée (littérale) dans votre désert intérieur, il s'agit aujourd'hui de "Tales from Topographic Oceans", sixième album du groupe britannique de rock progressif "Yes", sorti en 1974, et dont les riches harmonies et les structures complexes préfigurent déjà deux autres figures incontournables de la même vague : Pink Floyd et King Crimson.