Ce pays est foutu...

Depuis début mars, nous avons décidément connu beaucoup de choses.

Nous avons connu la saga des masques, ses innombrables ratages et ses dégâts considérables sur la confiance des belges.

Nous avons connu les aînés refoulés dans leurs homes et abandonnés pour crever seuls parce qu'il fallait tant bien que mal préserver des unités d'urgence tournant déjà bien au-delà de leur seuil critique.

Nous avons connu les conflits, les contradictions, les cafouillages, les approximations, les improvisations et les désaccords de nos neuf ministres de la santé.

Nous avons connu la détresse et les appels au secours du personnel hospitalier méprisé, bafoué, ignoré et indigné face au rabotage inacceptable des moyens alloués aux hôpitaux et au secteur des soins.

Nous avons connu le désarroi, les doutes et les questions des profs, des parents, des élèves et des étudiants.

Nous avons connu les conseils de sécurité comme autant de jalons sinistres d'une normalité anxiogène, et leurs cortèges de règles incompréhensibles modifiées tous les 15 jours.

Nous avons connu les petits jeux politiques minables, les opportunismes mesquins et les récupérations abjectes autour de la crise sanitaire.

Nous avons connu l'incompétence de dirigeants dépassés par tout, n'admettant aucune critique et se réfugiant lâchement à la moindre occasion derrière les décisions d'experts qu'ils entendaient contrôler selon les besoins de leurs agendas électoralistes.

Nous avons connu les cohortes de spécialistes partisans et dogmatiques qui se posent en pères-la-morale et en donneurs de leçons.

Nous avons connu l'avènement d'un gouvernement non-élu, non-nommé, non désiré, et imposé sans aucune légitimité.

Nous avons connu les couacs, les erreurs, les errements, les fautes, les foirages, les plantages, les mensonges.

Nous avons connu l'incompétence à tous les étages dans la gestion de cette pandémie par nos pouvoirs publics.

Mais visiblement, ce n'était pas assez. Pas encore.

Aujourd'hui, on prétend nous en remettre une énième couche avec une gestion des tests qui s'annonce tout aussi calamiteuse et approximative que tout ce qui a précédé ?

Aujourd'hui, on condamne tout un secteur sans autre explication qu'une vague référence à "des études internationales" datant déjà de plusieurs mois, alors que dans le même temps on continue à tolérer des rassemblements de plusieurs centaines, voire milliers de personnes à l'occasion de compétitions sportives ou d'entassements surchargés dans des transports en commun bondés.

Aujourd'hui, on assiste aux incompréhensibles contorsions des ministres de l'enseignement qui s'arc-boutent dans une position dénuée du moindre bon sens en prétendant maintenir les écoles ouvertes envers et contre tout, alors que la situation atteint un niveau de gravité qui nous catapulte en tête de tous les classements en termes de taux de contamination.

La classe politique belge aurait-elle perdu toute décence, tout respect, toute considération pour une population qui n'en peut plus de naviguer dans le flou le plus total ?

Considère-t-elle réellement que parader dans les médias à coup de déclarations aussi péremptoires que contradictoires va faire avancer les choses dans la bonne direction ?

Est-elle à ce point convaincue que l'impéritie et le mépris soient les seuls exemples à donner qu'elle en abuse à outrance ?

Une femme ou un homme d'état digne de ce nom, c'est un.e politicien.ne capable de prendre des décisions douloureuses et impopulaires pour le bien commun, quitte à ce que cela constitue un suicide électoral. A l'aune de cette définition, force est de constater que nos (trop) nombreux gouvernements ne comptent hélas personne de cette stature dans leurs rangs.

Ce pays est foutu.

Définitivement.